Lors d’un atelier d’écriture, l’un des exercices que j’avais proposé était d’écrire un texte utilisant une (ou plusieurs) prosopopée(s). La prosopopée est une figure de style où l’on attribut des paroles à un objet, un animal, ou une personne absente.
et est diffusée sous Licence Creative BY-NC-ND 4.0.
Les réverbères étaient tous éteints lorsque je rentrais enfin chez moi. Je me laissais tomber dans le canapé, une bière fraiche à la main, et mon regard glissa vers mon piano, de l’autre côté de la pièce. Aussitôt, une vague de culpabilité m’envahit.
« Alors ? semblait-il me dire. C’est quoi ton excuse aujourd’hui ? Beaucoup de travail ? Pas d’inspiration ? »
Je haussais les épaules et détournais le regard. J’étais fatigué.
« Ça va faire plus d’un an que tu ne m’as pas touché. Tu ne me regardes plus. J’ai de la poussière sur les touches, mais tu ne l’as même pas remarquée. »
Je secouais la tête de gauche à droite, sentant une boule me serrer la gorge.
« Où est passée ta passion de nos débuts ensemble ? Souviens toi des premiers jours. Tu passais toute la nuit à me caresser, à me faire vibrer, tu en perdais la notion du temps. »
Les souvenirs me revenaient en mémoire, peu à peu. Que m’était-il arrivé ?
« On peut recommencer, tu sais. Comme avant. Viens. Pose tes mains sur moi, ça te fera du bien. »
Hésitant, je me levais et m’approchais du clavier. Les doigts tremblants, à quelques centimètres de son do, je fermais les yeux.
« Non, La. Touche-moi ! »
Nous avons joué toute la nuit.
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